En Image : Dans les yeux d’Ivo Rovira et d’Ana Ponce
Ivo Rovira et Ana Ponce sont photographes, cinéastes et réalisateurs de documentaires depuis plus de 20 ans. Depuis 2007, ils ont décidé d’unir leurs forces et leurs vies afin d’ouvrir un nouveau chapitre dans leurs parcours professionnels respectifs.
Plongés en 2013 dans l’univers du cacao pour le projet Cacao Collective à l’initiative de Cacao Barry, Ivo et Ana ne l’ont plus quitté. Sillonnant les quatre coins du globe, ils immortalisent la vie et le travail de ceux qui cultivent le cacao.
Nous vous proposons de découvrir en image leur aventure humaine et une sélection de clichés qui forment leur collection : ORIGINE CACAO.
1. République Dominicaine – Hacienda la Esmeralda.
Jose Nuñez “Sijo” est en charge de l’exploitation. Cette exploitation est un modèle du genre de par sa conception biodynamique et de par la qualité de ses fruits. Un exemple à suivre en République Dominicaine.
2. & 3. Trinidad – Grande Rivière est une ville de la côte nord de Trinidad. Elle tire son nom du grand fleuve qui la traverse.
Leroy, un producteur de cacao, s’y baigne tous les jours au début et à la fin de sa journée de travail. Il vit dans un endroit caché, beau et sauvage dont il est épris depuis le premier instant. C’est également le lieu choisi par des centaines de tortues Laud pour se frayer un chemin sur ses plages au mois d’août.
◆ Pourquoi avoir créer cette exposition ORIGINE CACAO ? ◆
Voyager aux quatre coins du monde et vivre avec les communautés de producteurs de cacao implique une immersion immédiate à « l’origine » du lieu où vous vous trouvez. La qualité de la lumière qui émerge après une tempête, la nourriture que vous partagez avec les agriculteurs, les célébrations religieuses, les langues et les dialectes utilisés, les différents modes de fermentation, la couleur des cabosses…. Tout est « ORIGINE », tout est « CACAO », d’où le projet éponyme.
C’est en cela que réside la richesse de ce fruit et c’est aussi ce qui nous a attirés lorsque nous avons marché pour la première fois dans une exploitation de cacao il y a de cela 10 ans, dans la communauté d’Alto el Sol au Pérou.
Depuis lors nous voyageons, vivons et travaillons pour et à travers le cacao en essayant de saisir la riche complexité de ce fruit à travers tous les éléments qui le définissent : son histoire, ses paysages et ses arômes cachés derrière chacune de ses fèves.
◆ Quelle est votre « rencontre cacao » la plus marquante : sensoriellement et humainement parlant ? ◆
Difficile de répondre, mais il y a un souvenir gustatif et humain que nous n’oublierons jamais. Il s’agit de la première fois que nous avons eu l’occasion de goûter aux fèves de cacao directement depuis la cabosse.
C’était en 2010 au Pérou dans la plantation Alto el Sol. Ramiro Saavedra et sa famille cultivent un des meilleurs cacaos Criollo Amazonico. Il faisait terriblement chaud et humide et nos corps n’étaient pas encore habitués au climat tropical. Nous suivions difficilement Ramiro dans sa plantation….
Au bout de quelques minutes, il est venu vers nous, une cabosse à la main et nous a fait goûter les fèves fraîches.La douceur citrique du mucilage nous a vivement surpris. C’est à ce moment-là que nous sommes tombés amoureux de ce fruit.
◆ Si vous deviez choisir une destination cacao pour vivre,
où iriez-vous ? ◆
Madagascar certainement ! Pour plusieurs raisons : la beauté du pays, la mer omniprésente sans laquelle nous ne pourrions vivre (nous vivons à Barcelone) , le fait qu’il n’y ait pas d’animaux venimeux (nous avons fait de mauvaises rencontres pendant nos voyages en Amérique centrale), la qualité du cacao et le fait de pouvoir parler la langue française que nous adorons.
Madagascar – Le Sambirano est une rivière qui traverse le nord-ouest de Madagascar dans la région de Diana, à Madagascar. À 20 km de la ville d’Ambanja, nous rencontrons cette agricultrice qui transporte du cacao fraîchement récolté. Comme la plupart des femmes malgaches, elle recouvre son visage de la crème solaire la plus naturelle et peut-être la plus ancienne au monde : Le masonjoany, obtenu à partir de la racine d’une plante.
◆ Au cours des 10 dernières années, avez-vous constaté une amélioration des
conditions de vie des producteurs de cacao sur des exploitations que vous avez visités plusieurs fois ? ◆
Pour certains, la vie a changé… un peu. Être agriculteur reste difficile, et ce, même en Europe. La culture du cacao, généralement, se fait dans des petites exploitations de 2/3 hectares. Et les agriculteurs ont de la peine à survivre.
Mais ce que nous constatons ces derniers temps, c’est qu’ils connaissent la valeur du bon cacao. Ils savent que s’ils cultivent de bons arbres, avec de bonnes méthodes de travail, peu ou pas de produits chimiques, ils auront peut-être la chance de se faire connaître et de se faire payer en conséquence. Le monde occidental cherche du bon cacao et les agriculteurs commencent à s’en rendre compte.
Il faut aussi que les consommateurs comprennent ce qu’ils ont dans les mains quand ils achètent du chocolat. Le travail bien fait doit être récompensé !
1. Cameroun – Pont de singe. Kumba Cameroun. Productrice de cacao transportant des feuilles de bananier pour la fermentation. Les agriculteurs ont besoin de traverser plusieurs fois par jour le pont, fait de lianes, en transportant sur leurs têtes le cacao frais et les feuilles de bananier pour la fermentation et le séchage au sein de la communauté.
2. Ghana – Producteurs de cacao transportant des sacs de plus de 50kg jusqu’à l’entrepôt. Dans la plupart des cas, les exploitations se trouvent disséminées dans les forêts et le transport du cacao jusqu’à l’entrepôt s’effectue à pied.
3. Nicaragua – Les exploitations de cacao les plus productives du pays sont situées à Bocay. Nicaragua. De nouvelles communautés d’agriculteurs émergent et plantent de nouvelles cultures de cacao sur des terres déboisées par le bétail. Les variétés indigènes de cacao gagnent du terrain en investissant les terres inertes et sèches.
4. Tobago – Eric Johnson est un producteur de cacao sur l’île de Tobago. Il a 58 ans et, nous dit-il, ne se sent heureux que lorsqu’il travaille dans son exploitation située au milieu de la forêt tropicale. Il a hérité cette forêt de ses grands-parents et aujourd’hui, il continue à se battre pour cultiver un arbre qu’il aime et qu’il admire.
◆ Quelle destination Cacao rêveriez-vous de découvrir ? ◆
Nous sommes des amoureux de l’Afrique que nous avons eu la chance de largement parcourir sans jamais vraiment en faire le tour. Le continent est tellement gigantesque ! Juste avant les mesures prises pour limiter la circulation du COVID 19, nous devions voyager en Sierra Leone pour filmer des plantations. Alors, pourquoi pas reprendre nos voyages annulés dès que possible.
1. Côte d’Ivoire – Communauté de producteurs de cacao dans le petit village d’Ano près d’Agboville, en Côte d’Ivoire. Cette communauté familiale œuvre pour préserver les forêts de la déforestation massive. Ces forêts leur permettent de récolter des fruits et produire du cacao mais aussi de se procurer des écorces d’arbres et des plantes médicinales pour lutter contre le paludisme et autres maladies.
2. Indonésie – Exploitation de cacao Intergreen, Bandung, Java, Indonésie. Des centaines de familles d’agriculteurs travaillent dans cette immense exploitation réputée non seulement pour son cacao, mais aussi pour l’intérêt de son propriétaire à réimplanter les cultures dans la jungle.
3. Équateur – Hacienda Rancho Grande. Felipe Viniciu, contremaître de l’Hacienda est à la fois cow-boy et producteur de cacao. Plusieurs fois par an, les communautés d’agriculteurs et d’éleveurs se réunissent pour célébrer des rodéos dans la région de Vinces, Équateur.
4. Mexique – Ranchería Paso de Cupilco, Comalcalco, Tabasco, Mexique. Marcos Cruz cultive le cacao depuis plus de 40 ans. Le père de Marcos, qui a hérité des arbres de son père, les a laissés à son tour pour qu’il puisse continuer de les cultiver selon les coutumes de la communauté autochtone Nahualt. Dans la culture de Marcos Cruz, ils sont très “pozoleros”. Le Pozol est une boisson à base de cacao et de maïs, d’origine mésoaméricaine, très consommée et très populaire dans la région de Tabasco.
5. Guatemala – Communauté indigène Q’eqchi’. Producteurs de cacao de l’association Waxaquib Tzikin dans le village de Poité au Guatemala, célébrant une cérémonie Maya pour demander une bonne récolte de cacao. A quelques kilomètres de cette communauté, se situe le site archéologique de Tikal considéré comme le centre névralgique de la culture maya et le berceau du cacao.
Ces photos ont fait l’objet d’une Exposition sur le Salon du Chocolat de Paris en 2019. De plus, Ivo et Ana travaillent, à la réalisation d’un documentaire sur le programme Cocoa of Excellence qui remet tous les deux ans sur le Salon du Chocolat de Paris, les International Cocoa Awards récompensant l’excellence du travail des producteurs de Cacao du monde entier.